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Une alliance guerrière

Une alliance se définit comme un accord bilatéral, un protocole d'entente entre deux peuples, un contrat d’assistance.

Les partenaires en présence s'accordent sur les modalités des échanges, les contrats à tenir, les biens à transférer.

Le plus puissant s'engage à défendre l'autre contre ses ennemis à condition que celui-ci respecte les clauses de l'entente. Il s'agit habituellement du paiement d'un tribut, une sorte d'impôt. En cas de non-respect, la protection n'est plus assurée au peuple le plus faible. Tout peut alors survenir, y compris l'extermination.

Pour parler du lien qui l'unit à son Dieu, le peuple d'Israël s'inspire de ce modèle : Si nous avons réussi à sortir d'Égypte, à résister à cette super puissance — dont le pharaon se dit dieu — c'est parce que nous n'étions pas seuls. Nous avons bénéficié de la protection d'une puissance encore plus grande, qui ne peut être que Dieu.

Pour parler de cette relation qu'ils vivent avec Dieu, les Hébreux choisissent tout naturellement le modèle d'entente politique le plus connu : l'Alliance.

Cette Alliance avec Dieu comporte des clauses. Comme pour les ententes entre les peuples, le non-respect d'une de ces clauses peut avoir de lourdes conséquences. Israël comprend sa relation avec Dieu à la lumière de ce qu'il connaît des traités d'alliance entre les peuples.

Il interprète la volonté divine un peu comme si Dieu disait : Je vous ai libérés d'Égypte; je vous ai donné la liberté. Maintenant, je vous donne des règles pour bien jouir de cette liberté, pour que vous appreniez à en vivre. Mais, si vous faites n'importe quoi, il peut aussi se passer n'importe quoi. Tel est le ton des paroles menaçantes attribuées à Dieu dans l'Ancien Testament. Il s'agit d'un réflexe normal dans les traités d'alliance.

Mais qu'arrive-t-il quand Dieu passe aux actes? Quand Dieu fait périr des êtres humains, pouvons-nous l'accepter sans broncher ? Le récit de l'Exode, par exemple, nous paraît bien cruel : Dieu frappa tout premier-né au pays d'Égypte, du premier-né du Pharaon qui devait s'asseoir sur son trône au premier-né du captif dans la prison et à tout premier-né du bétail (Ex 12, 29). Avons-nous vraiment affaire au Dieu que Jésus-Christ appelle mon Père, à l'Éternel tendre et miséricordieux? Ici encore, on peut saisir la portée des récits quand on les situe dans la logique de l'Alliance.

Le rôle de Dieu consiste à protéger Israël. Il doit intervenir en sa faveur afin de respecter une entente : celle de faire de ce peuple son premier-né parmi les nations.

Il remplit sa part du contrat d'alliance en exterminant les ennemis. S'il ne respecte pas son engagement, il n'est pas un vrai Dieu, il ne mérite pas la confiance de son peuple.

Il faut aussi tenir compte du genre littéraire des récits épiques et des épopées d'armes, bien connus dans l'Antiquité. Ces textes proclament la gloire d'un roi en racontant ses victoires à la tête de son armée. Quand la tradition biblique veut raconter comment Israël a survécu à tel ou tel danger, elle s'inspire de ces épopées.

Ayant fait Alliance avec son peuple, Dieu lui donne la victoire en écrasant les ennemis, comme tout roi digne de ce titre. Pour les Hébreux, la supériorité de la puissance de Dieu par rapport aux rois terrestres ne fait aucun doute.

Sinon, comment expliquer qu'un groupe de Bédouins non armés réussisse à quitter la puissante Égypte ? Il faut donc raconter les événements comme des faits d'armes encore plus grandioses que ceux des souverains des peuples voisins. Les auteurs n'hésitent pas à utiliser les détails qui illustrent la déconfiture de la puissance étrangère.