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L'imposition des mains

Cette expression désigne le geste qui consiste à appliquer les mains sur une personne ou une chose. Le geste symbolise la transmission d’une vertu ou d’une force par le contact et revêt une connotation religieuse, rituelle ou parfois magique. Les prêtres égyptiens pratiquaient eux-mêmes l’imposition des mains sur les malades. Dans la mythologie grecque, Asclépios a souvent recours à l’imposition des mains, son toucher étant chargé d’une force guérissante.

La bible présente l’imposition des mains comme un rituel établi. Elle a sa place lors de la bénédiction, dans les rituels sacrificiels, lors de la consécration, dans les rites de guérison et du baptême.

La bénédiction

Bénir vient de benedicere, « dire bien », qui lui-même est la traduction directe du mot grec eulogein. Il contient donc l’idée que la bénédiction, c’est d’abord une parole. Elle est aussi un acte de la main qui vient se poser sur le bénéficiaire. La bénédiction est en ce sens le geste symbolique qui dit du bien à quelqu’un.

Dans la bible, c’est la racine bara'h qui est le plus souvent employée pour désigner l’acte de bénir et dont est tiré le mot bénédiction (bra'ha). Cette racine, qu’on retrouve près de 350 fois dans la bible hébraïque, possède d’ailleurs plusieurs sens et selon la forme verbale à laquelle elle est utilisée, elle peut signifier bénir, louer, combler de biens, être béni... C’est de cette même racine barah que vient le mot baraka, qui exprime l’idée de chance, de puissance. Lorsque Jacob (Israël) âgé bénit les enfants de Joseph, il pose la main droite sur la tête d’Ephraïm et la main gauche sur la tête de Manassé. Il y a là une imposition des mains qui accompagne des paroles de bénédiction :

Gn 48,14 Israël étendit sa main droite et la posa sur la tête d’Éphraïm, qui était le cadet, et sa main gauche sur la tête de Manassé, en croisant ses mains - en effet Manassé était l’aîné… 20 En ce jour-là, il les bénit ainsi : Soyez en bénédiction dans Israël et qu’on dise : Que Dieu te rende semblable à Éphraïm et à Manassé ! mettant ainsi Éphraïm avant Manassé.

Dans le Nouveau Testament, Jésus bénit les petits enfants par l’imposition des mains. Mt 19,13-15 Alors des petits enfants lui furent présentés, pour qu’il leur imposât les mains en priant ; mais les disciples les rabrouèrent. Jésus dit alors : « Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à moi ; car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume des Cieux. » Puis il leur imposa les mains et poursuivit sa route.

L’identification sacrificielle

L’imposition des mains s’effectue également sur la tête des animaux sacrifiés. Elle établit ainsi une union ou une identification entre celui qui offre une victime en sacrifice et la victime elle-même. En étant consacrée à Dieu, la victime se charge des sentiments de l’offrant. Ainsi dans le cas d’une offrande en bétail, le prêtre sacrificateur impose la main sur la tête de la victime qui se charge de l’action de grâce :

Lev 1,4 Il posera la main sur la tête de la victime et celle-ci sera agréée pour que l’on fasse pour lui le rite d’expiation.

Un autre exemple est celui du bouc émissaire. Lors de la fête du grand pardon, le peuple demande le pardon de Dieu pour tous les péchés involontaires. Après avoir fait les sacrifices habituels pour le péché, Aaron pose les deux mains sur un bouc vivant destiné à être chassé dans le désert. Il confesse sur lui tous les péchés des israélites et le bouc les emporte dans le désert. Par ce geste, l’homme s’identifie à l’animal, reconnaissant selon le cas une totale consécration ou une culpabilité méritant la mort :

Lev 16,21 Aaron lui posera les deux mains sur la tête et confessera à sa charge toutes les fautes des israélites, toutes les transgressions et tous leurs péchés. Après en avoir ainsi chargé la tête du bouc, il l’enverra au désert sous la conduite d’un homme.

La consécration

L’imposition des mains est aussi un signe de consécration, c’est-à-dire d’une mise à part en vue d’une mission. Consacrer, en hébreu « male » signifie remplir, être rempli, remplir la main. Dans le livre des Nombres, nous lisons comment Dieu commande Moïse de mettre à part la tribu de Lévi pour son service. Il faut noter que l’imposition des mains est faite par le peuple : Nb 8,10  Lorsque tu (Aaron) auras fait avancer les Lévites devant Yahvé, les israélites leur imposeront les mains. 11.  Puis Aaron offrira les Lévites, en faisant le geste de présentation devant Yahvé, de la part des israélites. Ils seront alors affectés au service de Yahvé.

Nous voyons aussi comment Dieu ordonne à Moïse de désigner Josué par l’imposition des mains pour conduire l’assemblée d’Israël. Par ce geste, Moïse communique l’autorité et la sagesse au nouveau leader du peuple de Dieu : Nb 27,18 Yahvé répondit à Moïse : « Prends Josué, fils de Nûn, homme en qui demeure l’esprit. Tu lui imposeras la main. 19 Puis tu le feras venir devant Éléazar, le prêtre, et toute la communauté, pour lui donner devant eux tes ordres 20 et lui transmettre une part de ta dignité, afin que toute la communauté des israélites lui obéisse… 22 Moïse fit comme Yahvé l’avait ordonné. Il prit Josué, le fit venir devant Éléazar, le prêtre, et toute la communauté, 23 il lui imposa la main et lui donna ses ordres, comme Yahvé l’avait dit par l’intermédiaire de Moïse.

Les fruits de cette imposition des mains sont : Dt 34,9 Josué, fils de Nun, était rempli de l’esprit de sagesse, car Moïse avait posé ses mains sur lui. Les enfants d’Israël lui obéirent, et se conformèrent aux ordres que l’Éternel avait donnés à Moïse.

Dans le Nouveau Testament, sept hommes sont choisis pour le service de la table.

Act 6,6 On les présenta aux apôtres et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains. Les apôtres imposent les mains à Saul et Barnabas et les laissèrent partir.

Act 13,2-3 Or un jour, tandis qu’ils célébraient le culte du Seigneur et jeûnaient, l’Esprit Saint dit : « Mettez-moi donc à part Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés. » Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent à leur mission.

L’imposition des mains donne le don des langues.

Act 9,6 Et quand Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils se mirent à parler en langues et à prophétiser.

La guérison

Le Nouveau Testament décrit de nombreuses guérisons par imposition des mains :

Mc 6,5 Et il ne pouvait faire là aucun miracle, si ce n’est qu’il guérit quelques infirmes en leur imposant les mains.

Mc 16,17-18 Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons, ils parleront en langues nouvelles, ils saisiront des serpents, et s’ils boivent quelque poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux infirmes et ceux-ci seront guéris.

Lc 4,40 Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de maux divers les lui amenèrent, et lui, imposant les mains à chacun d’eux, il les guérissait.

Act 9,17-18 Alors Ananie partit, entra dans la maison, imposa les mains à Saul et lui dit : « Saoul, mon frère, celui qui m’envoie, c’est le Seigneur, ce Jésus qui t’est apparu sur le chemin par où tu venais ; et c’est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l’Esprit Saint. » Aussitôt il lui tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue. Sur-le-champ il fut baptisé.

Act 28,8 Justement le père de Publius, en proie aux fièvres et à la dysenterie, était alité. Paul alla le voir, pria, lui imposa les mains et le guérit.

Le baptême

Un autre but de l’imposition des mains est pour le baptême dans le Saint-Esprit. Il y a cinq exemples enregistrés dans le livre des Actes des Apôtres qui décrivent comment les gens ont reçu le baptême dans le Saint-Esprit. Le premier exemple est celui des disciples dans la chambre haute à Jérusalem le jour de la Pentecôte, mais il n’y a pas d’imposition des mains, simplement l’Esprit qui se pose sur les disciples sous la forme de langues de feu. Cette absence d’imposition des mains d’homme souligne que l’Esprit inaugure ce nouveau baptême (Act 2,1-4). Les autres exemples sont ceux des nouveaux convertis en Samarie dans Actes 8,14-20 ; Saul de Tarse dans Actes 9,17, Corneille et sa famille dans Actes 10,44-46 ; et les disciples à Éphèse dans Actes 19,1-6. Dans trois de ces exemples, ceux qui recherchaient le baptême du Saint-Esprit le recevaient par d’autres croyants à travers l’imposition des mains.

Ac 8,14-21 Apprenant que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu, les apôtres qui étaient à Jérusalem y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci descendirent donc chez les Samaritains et prièrent pour eux, afin que l’Esprit Saint leur fût donné. Car il n’était encore tombé sur aucun d’eux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains, et ils recevaient l’Esprit Saint. Mais quand Simon vit que l’Esprit Saint était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l’argent. « Donnez-moi, dit-il, ce pouvoir à moi aussi : que celui à qui j’imposerai les mains reçoive l’Esprit Saint. » Mais Pierre lui répliqua : « Périsse ton argent, et toi avec lui, puisque tu as cru acheter le don de Dieu à prix d’argent ! Dans cette affaire il n’y a pour toi ni part ni héritage, car ton cœur n’est pas droit devant Dieu.

Act 9,17-18. Alors Ananie partit, entra dans la maison, imposa les mains à Saul et lui dit : « Saoul, mon frère, celui qui m’envoie, c’est le Seigneur, ce Jésus qui t’est apparu sur le chemin par où tu venais ; et c’est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l’Esprit Saint. » Aussitôt il lui tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue. Sur-le-champ il fut baptisé.

Act 10,44-48 Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui écoutaient la parole. Et tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de voir que le don du Saint Esprit avait été répandu aussi sur les païens. Ils les entendaient en effet parler en langues et magnifier Dieu. Alors Pierre déclara : « Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu l’Esprit Saint aussi bien que nous ? » Et il ordonna de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils le prièrent de rester quelques jours avec eux.

Act 19,1-6 Tandis qu’Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir traversé le haut-pays, arriva à Éphèse. Il y trouva quelques disciples et leur dit : « Avez-vous reçu l’Esprit Saint quand vous avez embrassé la foi ? » Ils lui répondirent : « Mais nous n’avons même pas entendu dire qu’il y a un Esprit Saint. » Et lui : « Quel baptême avez-vous donc reçu ? » - « Le baptême de Jean », répondirent-ils. Paul dit alors : « Jean a baptisé d’un baptême de repentance, en disant au peuple de croire en celui qui viendrait après lui, c’est-à-dire en Jésus. » À ces mots, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus ; et quand Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils se mirent à parler en langues et à prophétiser.

Voir la page consacrée au sacrement du baptême.