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L'enfantement

Dans l’histoire de l’Eglise on trouve les opinions suivantes :

· Un accouchement normal (Athanase);
· Marie accoucha de manière naturelle mais sans lésions ni douleurs, puis, sous l'action de l'Esprit Saint, le sein maternel se referma (Ephrem et sa tradition) ;
· Marie accoucha virginalement ; de nombreux pères parlent du Christ qui s'ouvrit la voie miraculeusement;
· D'autres préfèrent rester dans un langage mystérique : l'accouchement est mystérieux (St Jean Chrysostome);
· "L'enfantement ne diminua pas mais il consacra la virginité de Marie" (St Léon le Grand), une expression reprise par le concile Vatican II ;
· Quelques-uns uns restent indécis.

Le pur et l’impur

L'enfantement virginal trouve un appui scripturaire en Jn 1,12-13

Jn 1,12-13 Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, lui qui ne fut engendré ni des sangs, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu.

Le sang est impur :

· Pour des raisons hygiéniques ; les femmes se protègent pendant leur règles, voire après la naissance puisqu’il subsiste des écoulements
· Parce que le sang représente la vie et que la vie vient de Dieu ; perdre son sang, c’est perdre la vie
· Parce que le sang humain est chargé des péchés de l’homme (penser au sang impur de la Marseillaise)

Lévitique 12 ,1 Yahvé parla à Moïse et dit : 2. Parle aux Israélites, dis-leur : Si une femme est enceinte et enfante un garçon, elle sera impure pendant sept jours comme au temps de la souillure de ses règles. 3. Au huitième jour on circoncira le prépuce de l'enfant 4. et pendant trente-trois jours encore elle restera à purifier son sang. Elle ne touchera à rien de consacré et n'ira pas au sanctuaire jusqu'à ce que soit achevé le temps de sa purification. 5. Si elle enfante une fille, elle sera impure pendant deux semaines, comme pendant ses règles, et restera de plus soixante-six jours à purifier son sang. 6. Quand sera achevée la période de sa purification, que ce soit pour un garçon ou pour une fille, elle apportera au prêtre, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, un agneau d'un an pour un holocauste et un pigeon ou une tourterelle en sacrifice pour le péché. 7. Le prêtre l'offrira devant Yahvé, accomplira sur elle le rite d'expiation et elle sera purifiée de son flux de sang. Telle est la loi concernant la femme qui enfante un garçon ou une fille. 8. Si elle est incapable de trouver la somme nécessaire pour une tête de petit bétail, elle prendra deux tourterelles ou deux pigeons, l'un pour l'holocauste et l'autre en sacrifice pour le péché. Le prêtre fera sur elle le rite d'expiation et elle sera purifiée.

L'enfantement chez les Pères de l’Église

Ignace d'Antioche (50-108) : Vous êtes fermement convaincus au sujet de notre Seigneur qui est véritablement de la race de David selon la chair (cf. Rm 1,3), Fils de Dieu selon la volonté et la puissance de Dieu (cf. Jn 1,13), véritablement né d'une vierge, ... il a été véritablement cloué pour nous dans sa chair sous Ponce Pilate ... il a véritablement souffert, comme il est aussi véritablement ressuscité... Si c'est une apparence tout ce qui a été fait par le Seigneur, moi aussi je suis en apparence enchaîné [Smyrn. 1-2].

Ignace d’Antioche (50-108) : Et demeura caché au prince de ce monde la virginité de Marie et son enfantement, comme aussi la mort du Seigneur : trois mystères éclatants, qui se réalisèrent dans le silence de Dieu. [Aux Ephésiens, 18-19].

Ignace d'Antioche (50-108): Soyez donc sourds quand on vous parle d'autre chose que de Jésus-Christ, de la race de David, fils de Marie, qui est véritablement né, qui a mangé et qui a bu, qui a été véritablement persécuté sous Ponce Pilate, qui a été véritablement crucifié, et est mort, aux regards du ciel, de la terre et des enfers, qui est aussi véritablement ressuscité d'entre les morts. C'est son Père qui l'a ressuscité. [Lettre aux Tralliens, IX]

Tertullien (160-220) : Il ne convenait pas que le Fils de Dieu naquit d'une semence humaine, de crainte qu'entièrement fils de l'homme, il ne fut pas également fils de Dieu et n'eut rien eu de plus en lui que Salomon ou que Jonas (...) Pour être en même temps fils de l'homme, c'était sa chair, et elle seulement, qu'il devait prendre de la chair de l'homme, sans la semence de l'homme. En effet la semence de l'homme était superflue pour qui avait en soi la semence de Dieu. Ainsi, de même qu'avant de naître d'une vierge, il a pu avoir Dieu pour père sans avoir une mère humaine, de même, en naissant de la Vierge, il a pu avoir une mère humaine sans avoir de père humain. »[Tertullien, De carne Christi 18, dans J-P MAHE, Tertullien, la chair du Christ, source chrétiennes 216, Paris, Cerf, 1975, p. 283-285].

Tertullien (150-220) : Il est nécessaire que j'emploie cette défense contre toi (Marcion), puisque tu as cru qu'il dépendait de toi d'avoir ce sentiment, que la naissance dans la chair ou était impossible, ou n'était pas convenable à Dieu...Dites-moi, je vous prie, si l'Esprit de Dieu est descendu dans une matrice sans avoir l'intention d 'y prendre chair pourquoi descendre dans une matrice ? Il aurait pu en effet rester à l'extérieur pour prendre une chair spirituelle. [Traité de la chair de Jésus-Christ]

Clément d'alexandrie (215) : Mais, apparemment, la foule croit, encore maintenant, que Marie est une femme qui a accouché à cause de la naissance de son enfant, alors qu'elle n'est pas une femme qui a accouché (certains disent même qu'après l'enfantement, quand elle avait reçu les soins de la sage-femme, on avait constaté qu'elle était vierge). Pour nous, les Écritures du Seigneur sont semblables : elles enfantent la vérité, et restent vierges, puisqu'elles cachent en elles les mystères de la vérité. "Elle a enfanté et elle n'a pas enfanté", dit l'Écriture [Apocryphe d'Ézéchiel] , car elle a conçu d'elle-même, et non à la suite d'un accouplement. C'est pourquoi les Ecritures n'ont enfanté que pour les gnostiques, tandis que les sectes, qui ne les connaissent pas bien, les répudient comme si elles n'avaient pas enfanté. [Clément d'Alexandrie, Stromate livre VII, chapitre XVI, 1-2 ; Sources chrétiennes 428, Paris 1997, par A : LE BOULLUEC, p. 287].

Origène (185-253): Pour la défense de l'humanité vraie du Christ et contre le docétisme, l'Église ancienne a souligné que Jésus est né de Marie. Il n'avait pas simplement « apparence » humaine ; il n'est pas descendu du ciel dans un « corps céleste » et, pour sa naissance, il n'est pas simplement « passé à travers » sa mère. Au contraire, c'est de sa propre substance que Marie a enfanté son fils.

Protévangile de Jacques (145) : Une grande lumière resplendit à l'intérieur [...] et peu à peu cette lumière se mit à se retirer jusqu'à ce qu'apparut un petit enfant… Et la sage-femme sortant de la grotte, rencontra Salomé et elle lui dit : « Salomé, Salomé, j'ai une étonnante nouvelle à t'annoncer : une vierge a enfanté, contre la loi de nature. » Et Salomé répondit : « Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si je ne mets mon doigt et si je n'examine son corps, je ne croirai jamais que la vierge a enfanté. ». Et la sage-femme entra et dit : « Marie, prépare-toi car ce n'est pas un petit débat qui s'élève à ton sujet. » A ces mots, Marie se disposa. Et Salomé mit son doigt dans sa nature et poussant un cri, elle dit : « Malheur à mon impiété et à mon incrédulité ! disait-elle, j'ai tenté le Dieu vivant ! Et voici que ma main se défait, sous l'action d'un feu. » [Protévangile de Jacques 19 ; texte dans Ecrits apocryphes chrétiens, sous la direction de F.BOVON et P.GEOLTRAIN, La Pléiades, Paris 1997, p.99]

L'Ascension d'Isaïe (IIe) : Et Joseph ne s'approcha pas de Marie, et la garda comme une vierge , bien qu'elle fut grosse. (...) 7 Et, après deux mois, Joseph était à la maison, ainsi que Marie sa femme, mais tous les deux seuls ; 8 et il arriva, tandis qu'ils étaient seuls, que Marie regarda soudain et vit un petit enfant, et elle fut effrayée. 9 Et, après avoir été effrayée, son ventre se trouva comme auparavant, avant qu'elle eut conçu. 10 Lorsque son mari Joseph lui dit : « Qu'est-ce qui t'a effrayée ? », ses yeux s'ouvrirent et il vit l'enfant, et il glorifia le SEIGNEUR, car le Seigneur était venu dans son lot. 11 Et une voix se fit entendre d'eux : Ne dites cette vision a personne. 12 Mais une rumeur se répandit à Bethléem au sujet de l'enfant ; 13 il y en avait qui disaient : La vierge Marie a enfanté, alors qu'il n'y avait pas deux mois qu'elle était mariée ; il n'est pas montré de sage-femme, et nous n'avons pas entendu les cris des douleurs. »[Ascension d'Isaïe chapitre 11, texte dans Ecrits apocryphes chrétiens, sous la direction de F.BOVON et P.GEOLTRAIN, La Pléiades, Paris 1997, pp. 541-543].

Odes de Salomon (IIe) : Elle devint enceinte et accoucha sans douleur; et comme rien n'arrive sans raison, ainsi elle n'eut pas besoin d'une accoucheuse qui l'assistât.» (Ode XIX).

L'Évangile de l'enfance (IIe) : Le Verbe de Dieu pénétra en elle (Marie) à travers l'oreille, et la nature intime de son corps fut sanctifiée... Et au même moment commença la grossesse de la sainte Vierge. [L'Évangile de l'enfance V ,9, in C. Michel et P: Peeters, Evangiles apocryphes, vol. II, Paris 1914, p.97.]

Irénée (130-202) : Avant les douleurs de l'enfantement, elle mit au monde un fils. [ Irénée, Epidexis 54, SC 65,115]

Irénée (130-202) Si Adam fut créé par la terre-vierge, non encore travaillée, donc par la vertu et la puissance de Dieu (cf. Gn 2, 4b-7), le nouvel Adam aussi doit avoir ses origines d’une terre-vierge, par la même puissance et la vertu de Dieu. Marie est cette terre-vierge dont Christ se fait "premier-né"... Le fils de Dieu est devenu fils de l'homme, qui, en tant qu'il est pur, ouvrit purement le sein pur, celui qui régénère les hommes pour Dieu et que lui-même a rendu pur. [Adversus Haereses, IV 33, 11]

Hilaire de Poitiers (315-367) : Illa virginitatis suae conscia commovetur.

Augustin (354 - 430) : "Comment cela se fera-t-il ? Car je ne connais pas d'homme". Reconnaissez ici sa résolution de garder la virginité. Si elle avait dû lier des rapports avec un homme, comment aurait-elle dit : "Comment cela se fera-t-il ?" [...] Mais elle avait le souvenir de sa résolution, la conscience de son vœu sacré, car elle savait ce qu'elle avait promis à Dieu, lorsqu'elle disait : "Comment cela se fera-t-il ? car je ne connais point d'homme". Sachant donc que les enfants ne naissent que par suite des relations entre les époux, comme elle avait résolu de n'avoir pas de ces relations, lorsqu'elle dit : "Comment cela se fera-t-il ?" elle n'exprimait pas un doute sur la toute-puissance de Dieu, elle demandait comment elle deviendrait Mère. "Comment cela se fera-t-il ?" Quel moyen est-il à employer pour y parvenir ? Vous m'annoncez un Fils, vous connaissez les dispositions de mon âme, dites-moi la manière dont ce Fils me viendra.[...] [Augustin, Sermo215, 4, PL 38,1074; Léon le Grand, Sermo 21, I, PL 54,191]

Augustin (354 - 430) : Déjà avant d'être conçu, le Christ voulut se choisir, pour naître, une vierge consacrée à Dieu, comme l'indiquent les mots par lesquels elle répondit à l'ange qui lui annonçait la maternité imminente : "Comment cela se fera-t-il, je ne connais pas d'homme?" Elle ne se serait pas exprimée de cette manière si d'abord elle n'avait pas consacré à Dieu sa virginité. Elle s'était fiancée parce que la virginité n'était pas encore entrée dans les coutumes des Juifs ; mais s'était choisi un homme juste, qui n'aurait pas recouru à la violence pour lui prendre ce qu'elle avait dédié à Dieu, mieux, qui l'aurait protégée contre toute violence... L'obligation de rester vierge aurait venir de l'extérieur, pour que le Fils de Dieu assume la forme de serviteur par un miracle digne de l'événement. Mais il n'en fut pas ainsi: ce fut Marie elle-même qui se consacra à Dieu avant de savoir qu'elle aurait conçu. » [Augustin,. De sancta virginitate 4,4. CSEL.41, 237-238; Sermo 291,5, PL 38, 1318; Sermo 225.2. PL 38. 1096-1097]

Augustin (354 - 430) : Réjouissons-nous, mes frères ; que les peuples tressaillent de bonheur et d'allégresse. Ce n'est pas ce soleil visible, mais son invisible Créateur qui a fait pour nous de ce jour un jour sacré ; quand, devenu visible pour l'amour de nous, l'invisible Créateur de sa mère est né de son sein fécond sans aucune atteinte à sa pureté virginale ; car elle est restée Vierge en concevant son Fils, Vierge en l'enfantant, Vierge en le portant, Vierge en le nourrissant de son sein, Vierge toujours. [Sermon 186, 1.1]

Ephrem (306-373) : Comme le Seigneur entra toutes portes closes, de la même manière il sortit d'un sein virginal, parce que cette vierge enfanta vraiment et réellement sans douleur [Diatessaron II,6]

Ephrem (306-373) : La vierge mit au monde son fils premier né et sa virginité resta intacte [Diatessaron, Cerf, 1966, p. 70].

Ephrem (306-373) : Marie de Nazareth conçut le Seigneur par l’oreille, c’est-à-dire que la Parole de Dieu entra par l’oreille de Marie pour être par elle conçue. [Hymne]

Jérôme (347-430) : La porte était fermée et Jésus se tint au milieu d'eux (Jn 20, 26 ; Lc 24, 36). Aucun doute que la porte fût fermée et celui qui entra à travers la porte fermée n'était ni un fantôme ni un esprit, c'était un vrai corps. Il dit en effet: "regardez et voyez, un esprit n'a pas de chair ni d'os comme vous voyez que j'en ai." (Lc 24,39). Il avait la chair; il avait les os; et les portes étaient fermées. Comment la chair et les os purent-ils entrer les portes étant closes ? Les portes sont fermées et celui qui entre, nous ne le voyons pas entrer. Par où entra-t-il ? Tout est fermé; il y n'a pas ouverture par laquelle il puisse entrer. Cependant il est à l'intérieur celui qui est entré et on ne voit pas comment il est entré. Tu ne sais pas comment et tu l'attribues à la puissance de Dieu. Attribues à la même puissance le fait qu'il soit né d'une Vierge et que cependant la même Vierge soit restée telle après l'accouchement. [Homélie sur saint Jean 1,1-14]

Pape Hormisdas (523) : Le Fils de Dieu est devenu Fils de l'homme, né dans le temps à la façon d'un homme, ouvrant le sein de sa mère à sa naissance (cf. Lc 2, 23) et, par la puissance de Dieu, n'ôtant pas la virginité de sa mère.

Alcuin (740-804) : Marie est vierge avant l’enfantement, pendant l’enfantement et après l’enfantement. En effet, il convient que Dieu qui en naît augmente le mérite de la chasteté, pour que l'intégrité ne fût pas violée par l'arrivée de celui qui serait venu pour guérir ceci qui il était corrompu. [De fide sanctae et individuae Trinitatis]

Jean Damascène († vers 750) : Étant Dieu, il devient homme, et, le temps venu de sa naissance, il est enfanté surnaturellement ; il ouvre le sein maternel sans avoir endommagé le sceau de la virginité. [Homélie sur la nativité et l'Assomption]

Maria d'Agreda (1602-1665) : Elle (Marie) était à genoux, les yeux élevés vers le ciel, les mains jointes sur la poitrine et dans cette position humble et pieuse, sortant de son divin ravissement, elle donna au monde le fils unique du Père éternel, et le sien, Jésus-Christ notre sauveur, Dieu et homme, à minuit, un jour de dimanche, l'an du monde 3960, conformément à ce que tient la sainte Eglise romaine. Le saint enfant vint au monde très-beau et tout resplendissant, sans blesser la sainte virginité, parce qu'il pénétra le sein virginal comme un rayon de soleil. Il n'avait point cette espèce de tunique qu'on appelle secondine, dans laquelle les autres enfants sont enveloppés. Il vint au monde glorieux et transfiguré, car la gloire de son âme sainte rejaillissait alors sur son corps.

Bernard de Clairvaux (1090-1153) Ouvrez donc votre sein, ô Vierge , préparez votre giron et vos flancs, car celui qui est tout-puissant va accomplir en vous de grandes choses, si grandes qu'au lieu des malédictions d'Israël tous les peuples vous combleront de bénédictions. Ne craignez point la fécondité, ô Vierge prudente, elle ne nuira en rien à votre virginité. Vous concevrez, mais vous ne pécherez point; vous serez grosse, mais vous ne connaîtrez point les fatigues de la grossesse; vous enfanterez, il est vrai, mais ce sera sans tristesse; sans connaître d'homme, vous aurez un fils. Mais quel fils ? Celui même dont Dieu est le Père. [Missus Est, III,8, http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bernard/index.htm].

La virginité dans les conciles

2e Concile de Constantinople, en 553, cinquième concile œcuménique, attribue à Marie le titre de Mère de Dieu Toujours Vierge : Si quelqu'un ne confesse pas qu'il y a deux générations du Dieu Verbe, l'une avant les siècles, du Père, intemporelle et incorporelle, l'autre aux derniers jours, du même Verbe qui est descendu des cieux et s'est incarné de la sainte et glorieuse Mère de Dieu toujours vierge et qui a été engendré d'elle, qu'un tel homme soit anathème. (Canon 2).

6e Concile de Tolède, en 638 : De ces trois personnes de la divinité, nous le confessons, seul le Fils, pour la Rédemption du genre humain, afin de supprimer les dettes du péché que nous avons contractées au commencement par la désobéissance d'Adam, est sorti du secret et du mystère du Père, et a assumé de Marie, la sainte toujours Vierge, l'homme sans péché, en sorte que le même Fils de Dieu Père est aussi Fils d'homme, Dieu parfait et homme parfait, en sorte que l'unique Christ est homme et Dieu en deux natures, un seul dans la personne, afin qu'à la Trinité ne vienne pas s'ajouter une quaternité si dans le Christ la personne était dédoublée.

Concile du Latran, 5-31 octobre 649 : Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, Mère de Dieu la sainte, toujours vierge et immaculée Marie, puisque c'est en un sens propre et véritable Dieu Verbe lui-même, engendré de Dieu le Père avant tous les siècles, qu'elle a, dans les derniers temps, conçu du Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant inaltérable aussi après l'enfantement, qu'il soit condamné. (Canon 3).

4° Concile du Latran (12° œcuménique), novembre 1215 : Enfin, le Fils unique de Dieu, Jésus Christ, incarné par une oeuvre commune de toute la Trinité, conçu de Marie toujours Vierge par la coopération du Saint-Esprit, fait homme véritable composé d’une âme raisonnable et d’une chair humaine, une seule personne en deux natures, a montré plus manifestement la voie de la vie. [Première décrétale : Définition sur Dieu et la Trinité contre les albigeois et les Cathares]

Vatican II : Le fils de Dieu à cause de nous les hommes et pour notre salut, descendit du ciel et prit chair de la Vierge Marie par l'action du Saint-Esprit (LG 52). Elle reçut le Verbe de Dieu à la fois dans son cœur et dans son corps (LG 53). Cette union de la Mère avec son Fils dans l'œuvre du salut est manifeste dès l'heure de la conception virginale du Christ jusqu'à sa mort (...) lors de la Nativité ensuite, quand la Mère de Dieu présenta dans la joie aux pasteurs et aux mages son Fils premier-né, dont la naissance était non la perte, mais la consécration de son intégrité virginale (LG 57).

Une naissance naturelle

Dieu s’est fait homme en toute chose excepté le péché :

He 4,15 Il a été éprouvé en tout, d'une manière semblable, à l'exception du péché.

J. Galot, La virginité de Marie et la naissance de Jésus : Qu'y aurait-il d'infamant à ce que l'enfant Jésus, le Verbe fait chair, ouvre le sein de sa mère ? A ceux qui prétendent qu'il y aurait là une atteinte à la perfection de Marie, ne doit-on pas répondre que ce serait faire injure au Christ lui-même que de penser de la sorte? En naissant d'une manière normale, Jésus aurait-il pu dégrader ce sein maternel qu'il ouvrait? Ne l'a-t-il pas plutôt sanctifié par ce passage ? … Loin qu'il y ait eu lésion de la virginité, cette virginité n'a-t-elle pas été plutôt consacrée par une telle naissance? N'est-ce pas à l'honneur de la virginité de Marie que son enfant fût le seul à ouvrir « les portes closes » de cette virginité? Il n'a fait par, là qu'attester et confirmer cette virginité. … La virginité a pour but d'accueillir pleinement l'amour divin. En Marie, cet accueil s'est fait non seulement dans le cœur mais aussi corporellement lors de la conception miraculeuse. Or si le but de la virginité n'est pas de se fermer à tout mais de s'ouvrir à Dieu, l'ouverture du sein maternel pour le passage de 'Dieu lui-même n'est-il pas le suprême couronnement de la virginité corporelle de Marie, l'accomplissement de son véritable but? Marie n'était vierge que pour s'ouvrir pleinement, dans son cœur et dans son corps, à Dieu.

Pour prolonger la réflexion.