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Notre Père

L’originalité de la prière chrétienne

Le mot "prière" est tiré du bas latin "praecaria", qui a donné également "précaire". La prière nous met donc étymologiquement dans une situation de manque et de demande. Nous retrouvons ce sens dans la formule "je te prie de...". Elle est l’expression de notre humilité ; elle signe la reconnaissance de notre pauvreté et de nos limites.

Il existe de multiples formes de prières : la récitation, la méditation, la contemplation, la louange, l’adoration. Le Notre Père est a priori une prière de récitation que nous faisons soit de façon individuelle, soit collectivement tout particulièrement lors d’une messe. C’est aussi une prière qui nous invite à la méditation, c’est-à-dire à une réflexion intérieure sur les mots et les phrases qui le composent. C’est également une prière qui nous invite à la contemplation de l’œuvre d’un père.

Pour le pape François, Le Notre Père est « la matrice de toute prière chrétienne ». Une prière faite, d’un côté, « de la contemplation de Dieu, de son mystère, de sa beauté et de sa bonté », et de l’autre, « de la requête sincère et courageuse de ce qui nous est nécessaire pour vivre ». Le Notre Père « éduque celui qui prie à ne pas se perdre en vaines paroles », car « le Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous ne le lui demandiez » (Mt 6, 8). 27 février 2019, audience générale du pape François.

La prière est formée de 7 demandes, 3 concernant Dieu, 4 concernant les hommes. Le Notre Père a ainsi une forme symboliquement parfaite, le 7 étant le nombre de la perfection, 3 étant le nombre divin (la Trinité), et 4 le nombre du terrestre, (les quatre points cardinaux, les quatre éléments, etc...).

Le Notre Père commence par trois demandes concernant Dieu lui-même : son nom, son règne, sa volonté. La seconde vague de demandes est offrande de nos attentes : donne-nous ... pardonne-nous .. ne nous laisse pas ... délivre-nous. Le Notre Père se divise donc en deux parties : la première comporte les trois demandes centrées autour du « Tu » de Dieu le Père (« que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ») ; la seconde comprend quatre demandes tournées vers nos besoins, vers le « nous » : le pain quotidien, le pardon des péchés, l’aide à la tentation et la délivrance du mal.



Qui peut interpeller Dieu ? tout le monde, mais comme le dit le psalmiste

Ps 114,5 Nul, jamais ne l’a invoqué sans avoir lui-même été d’abord appelé ?

L’originalité de la prière chrétienne est qu’elle une réponse à la parole de Dieu qui nous précède dans nos vies. Comment pourrions-nous d’ailleurs prier un dieu s’il ne s’était pas manifesté à nous ? « Seigneur apprends nous à prier » demande les apôtres.

Une prière chrétienne

De tout temps, le « Notre Père » constitue la prière fondamentale du chrétien. Déjà la Didachè, un bref manuel d'enseignement pour la conversion au christianisme écrit au 1er siècle, prescrivait aux fidèles de le réciter trois fois par jour (VIII, 3).

Le Notre Père est la prière la plus connue de la religion chrétienne. Il est récité par les catholiques et les orthodoxes à chaque messe, par les protestants luthériens et réformés à chaque culte. Les autorités catholiques, orthodoxes et protestantes ont adopté une traduction commune pour la récitation en langue française.

La récitation par l'Eglise s'inspire du texte de Mathieu, mais elle comporte une doxologie finale « Car c'est à toi qu'appartiennent, le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles ». Cette finale fut ajoutée à la prière dès le 1er siècle comme cela apparaît dans la Didachè.

Nous osons dire

La liturgie prévoit que le Notre Père soit introduit par cette brève phrase : « Comme nous l’avons appris du sauveur et selon son commandement nous osons dire ». Il faut remonter aux origines de l’Église pour comprendre le sens de cette invitation.

Dans l’Église naissante, on appelait le Notre Père la prière des fidèles. Elle se récite juste avant l’eucharistie. Les catéchumènes l’apprennent par cœur, mais ne se sont autorisés à la réciter en public que le jour où ils sont admis à la table de l’eucharistie. Si dans nos habitudes il apparaît que le Notre Père appartient à tous quel que soit notre degré de sainteté, la situation était bien différente dans l’Église des premiers temps, car le Notre Père était une prière sacrée. Parler directement à Dieu est un bouleversement dans les mentalités, car le Dieu d’Israël était transcendant bien plus qu’immanent. Le mystère de l’incarnation mettra du temps à s’incarner dans la culture religieuse.

En orient dans la liturgie eucharistique de Chrysostome encore en usage dans les Églises orthodoxes le prêtre dit cette formule : « Daigne-nous accorder Seigneur d’oser avec joie et sans témérité t’invoquer comme Père, toi le Dieu du ciel et dire : Notre Père… ».

Le Notre Père récité lors de la messe se situe entre la consécration et la communion. Il est traditionnellement rattaché à cette dernière partie. Il faut attendre le IVe siècle pour voir une première attestation de la présence du Notre Père durant la messe, chez Ambroise et Cyrille de Jérusalem.

La prière de Jésus et son enseignement

L'Évangile nous montre souvent Jésus en train de prier à l'écart, dans la solitude. Il nous indique dans quelles circonstances Jésus a prié. Ces circonstances sont très révélatrices du sens de sa prière.

L'Évangile nous rapporte la prière de Jésus. Il prie au début de chacune des grandes étapes de sa mission, c'est devant Dieu qu'il fait des choix et qu'il se prépare à vivre ce qui va advenir.

· Au moment de son baptême en Luc 3,21-22 Or il advint, une fois que tout le peuple eut été baptisé et au moment où Jésus, baptisé lui aussi, se trouvait en prière, que le ciel s'ouvrit, et l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix partit du ciel : « Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré »

· Lors de sa tentation au désert durant 40 jours et 40 nuits en Mt 4,1-2 alors Jésus fut emmené au désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable. Il jeûna durant quarante jours et quarante nuits, après quoi il eut faim ».

· Avant de choisir ses douze apôtres en Luc 6,12-13 : Or il advint, en ces jours-là, qu'il s'en alla dans la montagne pour prier, et il passait toute la nuit à prier Dieu. Lorsqu'il fit jour, il appela ses disciples et il en choisit douze, qu'il nomma apôtres.

· Au moment de sa transfiguration avant d'annoncer sa passion à ses disciples en Luc 9,28-29 : Or il advint, environ huit jours après ces paroles, que, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il gravit la montagne pour prier. Et il advint, comme il priait, que l'aspect de son visage devint autre, et son vêtement, d'une blancheur fulgurante ».

· En évoquant sa passion, avant que le coq ne chante 3 fois, Jésus dit à Simon-Pierre en Luc 22, 31-32 : j’ai prié pour toi pour que ta foi ne défaille pas.

L'Évangile nous rapporte certaines prières de Jésus. On le voit s'adresser à son Père :

· Après son échec en Galilée en Mt 11,25-26 : Je te bénis, Père, d'avoir caché cela aux sages et de l'avoir révélé aux tout-petits.

· Après la Cène en Jean 17,1-26 : 1. Ainsi parla Jésus, et levant les yeux au ciel, il dit : « Père, l'heure est venue : glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ! Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux.

· Devant les menaces de mort en Jean 12,27-28 : Père sauve-moi de cette heure; mais c'est pour cela que je suis venu.

· La veille de sa mort en Jn 12,34-36 Et il leur dit : « Mon âme est triste à en mourir ; demeurez ici et veillez. Étant allé un peu plus loin, il tombait à terre, et il priait pour que, s'il était possible, cette heure passât loin de lui. Et il disait : « Abba Père ! tout t'est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »

· Sur la croix en Mt 27,46 Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?, Luc 23,34 Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font, Luc,23,46 Père, entre tes mains je remets mon esprit.