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Paul

Les voyages missionnaires

Diaporama sur les voyages missionnaires.

La folie de la croix

Benoît XVI, Audience générale du 29 octobre.

Pour saint Paul, la Croix jouit, dans l'histoire de l'humanité, d'une primauté fondamentale : elle constitue le point focal de sa théologie, parce que parler de la Croix c'est parler du salut comme grâce accordée à toute créature. Le thème de la Croix du Christ devient un élément essentiel et primordial de la prédication de l'Apôtre. L'exemple le plus clair qui nous en soit donné concerne la communauté de Corinthe : confronté à une Église où désordres et scandales se produisaient de manière préoccupante, où la communion était menacée par des partis et des divisions internes menaçant l'unité du Corps du Christ, Paul se présente non pas avec la sublimité de la parole ou de la sagesse, mais avec l'annonce du Christ, et du Christ crucifié. Sa force n'est pas dans la persuasion du langage, mais, paradoxalement, dans la faiblesse et l'ardeur de celui qui ne met sa confiance que dans la « puissance de Dieu » (cf. 1 Co 2, 1-4). La Croix, par tout ce qu'elle représente, et donc aussi par tout le message théologique qu'elle véhicule, est scandale et folie. L'Apôtre l'affirme avec une telle force impressionnante qu'il convient de l'écouter lui-même sur ce point : « Le langage de la Croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu […]. Il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu'est la prédication de l'Évangile. Alors que les juifs réclament les signes du Messie et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les peuples païens » (1 Co 1, 18-23).

Les premières communautés chrétiennes, à qui Paul s'adresse, savent très bien que Jésus est désormais ressuscité et vivant ; l'Apôtre veut rappeler, non seulement aux Corinthiens et aux Galates, mais aussi à nous tous, que le Ressuscité est toujours celui qui a été crucifié. Le « scandale » et la « folie » de la Croix résident justement en ceci que, là où il ne semble y avoir eu qu'échec, souffrance, défaite, il y a en réalité toute la puissance de l'Amour sans limites de Dieu, parce que la Croix est l'expression de l'amour, et l'amour est la véritable puissance qui se révèle précisément dans cette faiblesse apparente. Pour les juifs, la Croix est skandalon, c'est-à-dire traquenard, ou pierre d'achoppement : pour le juif pieux qui ne trouve rien de semblable dans les Saintes Écritures, elle semble faire obstacle à la foi. Paul, avec un courage remarquable, semble dire ici que ce qui est en jeu est considérable : pour les juifs, la Croix contredit l'essence même de Dieu, lequel s'est manifesté par des signes prodigieux. Ainsi donc, accepter la Croix du Christ signifie opérer une conversion profonde de la façon de se rapporter à Dieu. Si pour les juifs la raison du refus de la Croix se trouve dans la Révélation, c'est-à-dire dans la fidélité au Dieu des Pères, pour les Grecs, c'est-à-dire les païens, le critère du jugement pour s'opposer à la Croix est la raison. Pour eux, en effet, la Croix est moría, folie, littéralement « insanité d'esprit », ou « insipidité » ; plus qu'une erreur, elle est une insulte au bon sens.

Alors, pourquoi Paul a-t-il fait de ce mot de Croix le point fondamental de sa prédication ? La réponse n'est pas difficile : la Croix révèle « la puissance de Dieu » (cf. 1 Co 1, 24), qui est différente du pouvoir humain ; en effet, elle est révélation de son amour : « La folie de Dieu est plus sage que l'homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme » (1 Co 1, 25). À des siècles de distance de Paul, nous voyons que, dans l'histoire, c'est la Croix qui a vaincu, et non pas la sagesse opposée à la Croix. Le Crucifié est sagesse, parce qu'il manifeste réellement qui est Dieu, c'est-à-dire puissance d'amour qui va jusqu'à la Croix pour sauver l'homme. Dieu a des façons et se sert d'instruments qui à première vue nous semblent pure faiblesse. Le Crucifié dévoile, d'une part, la faiblesse de l'homme, et, d'autre part, la vraie puissance de Dieu, c'est-à-dire la gratuité de l'amour : c'est cette gratuité totale de l'amour qui est la vraie sagesse. Saint Paul en a fait l'expérience dans sa chair, comme il nous en témoigne en divers passages de son parcours spirituel, devenus points de référence pour tout disciple de Jésus : « Il m'a déclaré “Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse” » (2 Co 12, 9) ; ou encore : « Ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qu'il y a de fort » (1 Co 1, 28). L'Apôtre s'identifie au Christ à tel point que, malgré d'innombrables épreuves, il vit dans la foi au Fils de Dieu qui l'a aimé et s'est donné lui-même pour ses péchés et pour ceux de tous (cf. Ga 1, 4 ; 2, 20). Cette donnée autobiographique de l'Apôtre devient paradigmatique pour nous tous.

Saint Paul a offert une admirable synthèse de la théologie de la Croix dans la deuxième Lettre aux Corinthiens (5, 14-21), où tout est contenu dans deux affirmations fondamentales: d'une part le Christ, que Dieu a identifié pour nous au péché (v. 21), est mort pour tous (v. 14); de l'autre, Dieu nous a réconciliés avec lui en ne nous comptant pas nos péchés (vv. 18-20). C'est par ce "ministère de la réconciliation" que chaque esclavage est désormais racheté (cf. 1 Co 6, 20; 7, 23). Il apparaît ici comme tout cela est important pour notre vie. Nous aussi nous devons entrer dans ce "ministère de la réconciliation" qui implique toujours le renoncement à sa propre supériorité et le choix de la folie de l'amour. Saint Paul a renoncé à sa vie en se donnant totalement pour le ministère de la réconciliation, de la Croix qui est salut pour nous tous. Et nous aussi devons savoir le faire: nous pouvons justement trouver notre force dans l'humilité de l'amour et notre sagesse dans la faiblesse de renoncer pour entrer ainsi dans la force de Dieu. Nous devons tous former notre vie sur cette véritable sagesse: ne pas vivre pour nous-mêmes, mais vivre dans la foi en ce Dieu dont nous pouvons tous dire: "Il m'a aimé et s'est donné pour moi".

La résurrection

Daniel Montpetit, La Résurrection chez Paul.

Benoît XVI, Audience générale du 5 novembre 2008.

Eglise protestante unie de France. Résurrection du Christ.

Paul et les femmes

Notre temps fait de l’égalité homme-femme une préoccupation majeure, ce qui n'est pas le cas des temps apostoliques. Si Paul affirme une égale dignité dans le Christ, il ne remet pas en cause le statut de la femme, soumise à son mari.

Egalité

1Co 7,4 Ce n’est pas la femme qui dispose de son corps, c’est son mari. De même ce n’est pas le mari qui dispose de son corps, c’est sa femme. 1Co 7,14 Car le mari non croyant est sanctifié par sa femme, et la femme non croyante est sanctifiée par son mari.

1C0 7,33 Celui qui est marié a souci des affaires du monde : il cherche comment plaire à sa femme, ... La femme mariée a souci des affaires du monde : elle cherche comment plaire à son mari.

1Co 11,11 La femme est inséparable de l’homme et l’homme de la femme, devant le Seigneur. 12Car si la femme a été tirée de l’homme, l’homme naît de la femme et tout vient de Dieu.

Ga 3, 27-28 Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus ni mâle ni femelle ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christ.

Inégalité

Les "inégalités" sont à replacer dans le contexte culturel et social de l'époque. Paul ne révolutionne pas les mentalités. Voir dans Liste des études/Mariage/Sacramentalité/Sous-mission.

1Co 11,33 Je veux pourtant que vous sachiez ceci : le chef de tout homme, c’est le Christ ; le chef de la femme, c’est l’homme, le chef du Christ, c’est Dieu. 4Tout homme qui prie ou prophétise la tête couverte fait affront à son chef. 5Mais toute femme qui prie ou prophétise tête nue fait affront à son chef ; car c’est exactement comme si elle était rasée. 6Si la femme ne porte pas de voile, qu’elle se fasse tondre ! Mais si c’est une honte pour une femme d’être tondue ou rasée, qu’elle porte un voile ! 7L’homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l’image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l’homme. 8Car ce n’est pas l’homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l’homme. 9Et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. 10Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête une marque d’autorité, à cause des anges... 13Jugez par vous-mêmes : est-il convenable qu’une femme prie Dieu sans être voilée ? 14La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas qu’il est déshonorant pour l’homme de porter les cheveux longs ? 15Tandis que c’est une gloire pour la femme, car la chevelure lui a été donnée en guise de voile.

J’ajoute, à propos de ce passage, que la plupart des traductions parlent de « voile », alors que le texte original n’utilise pas le terme et demande simplement aux femmes qui s’expriment à haute voix dans l’assemblée d’avoir une coiffure décente. Il en est résulté que, pendant des siècles, l’Eglise catholique latine a imposé aux dames de porter un chapeau ou une mantille lorsqu’elles assistaient à des offices, alors qu’elles sortaient dans la rue, tête découverte, depuis des décennies. Là encore, où est le misogyne ?

Dans les civilisations méditerranéennes antiques, une fille était soumise à son père, et une femme mariée l’était à son conjoint. Paul ne cherche pas à lutter contre la culture ambiante. Il ose cependant affirmer, ce qui est révolutionnaire pour l’époque que, devant Dieu, il n’y pas de différence de dignité entre un Juif et un païen, entre un esclave et un homme libre, entre un homme et une femme (Galates 3,28). Toujours dans la culture méditerranéenne antique, une femme ne présidait pas un repas, sauf exception. C’était donc presque toujours un homme qui présidait le Repas du Seigneur, l’ancêtre de notre messe. (Michel Quesnel)

1Co 14,34 Que les femmes se taisent dans les assemblées : elles n’ont pas la permission de parler ; elles doivent rester soumises, comme dit aussi la Loi.

Eph 5,21 Vous qui craignez le Christ, soumettez-vous les uns aux autres ; 22femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur. 23Car le mari est le chef de la femme, tout comme le Christ est le chef de l’Eglise, lui le Sauveur de son corps. 24Mais, comme l’Eglise est soumise au Christ, que les femmes soient soumises en tout à leurs maris. 25Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle ; 26il a voulu ainsi la rendre sainte en la purifiant avec l’eau qui lave, et cela par la Parole ; 27il a voulu se la présenter à lui-même splendide, sans tache ni ride, ni aucun défaut ; il a voulu son Eglise sainte et irréprochable. 28C’est ainsi que le mari doit aimer sa femme, comme son propre corps. Celui qui aime sa femme, s’aime lui-même.

Col 3,18 Epouses, soyez soumises à vos maris, comme il se doit dans le Seigneur. 19Maris, aimez vos femmes et ne vous aigrissez pas contre elles.

1Tm 2,9 De même les femmes : qu’elles portent une tenue décente, avec pudeur et modestie, plutôt que de se parer de tresses, d’or ou de perles, ou de vêtements précieux ; 10 ce qui convient à des femmes qui veulent exprimer leur piété envers Dieu, c’est de faire le bien. 11 Que la femme reçoive l’instruction dans le calme, en toute soumission. 12 Je ne permets pas à une femme d’enseigner, ni de dominer son mari ; mais qu’elle reste dans le calme. 13 En effet, Adam a été modelé le premier, et Ève ensuite. 14 Et ce n’est pas Adam qui a été trompé par le serpent, c’est la femme qui s’est laissé tromper, et qui est tombée dans la transgression. 15 Mais la femme sera sauvée en devenant mère, à condition de rester avec modestie dans la foi, la charité et la recherche de la sainteté.

Ti 2,3 Les femmes âgées, pareillement, doivent se comporter comme il sied à des personnes saintes : ni médisantes, ni adonnées aux excès de vin. Qu’elles enseignent le bien, 4qu’elles apprennent ainsi aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, 5à être modestes, chastes, dévouées à leur maison, bonnes, soumises à leur mari, pour que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée.

Les épîtres qui renvoient les femmes à leur foyer (Colossiens, Éphésiens, les Pastorales) font partie de l'héritage paulinien, mais elles ne sont pas de lui. Au cours des deux premiers siècles, sa pensée a été développée et amplifiée par ses disciples, trahie même parfois, ou du moins fortement biaisée. Daniel Marguerat, La Croix, 20/04/2023.