Le terme pornographie vient de deux racines grecques "porne" (prostituée) et "graphein" (représenter). Une Maison close en grec ancien se disait un "porneion". La pornographie se distingue de l'érotisme qui désigne le désir sexuel, ainsi que le langage des sens au service du plaisir.
La pornographie présente plusieurs dangers :
Dans la relation mécanique en mode pornographique, on va chercher la stimulation maximale, mais on éteint toutes les nuances. Les rapports vont être assez courts, monotones et pas passionnants pour les femmes. L’érotisme est le règne de la lenteur. On va être attentif aux petites perceptions, que l’on nomme qualia. C’est par exemple s’imprégner du parfum et de l’odeur de l’autre, être attentif à sa respiration, au grain de sa peau. La dimension esthétique surgit à la faveur d’une certaine lenteur. Voir l'article de Pascale Tournier.
Au début des années 1990, et notamment à partir des années 1995 et 1996, on assiste à une évolution des films X vers une iconographie « ultra-génitale » et « ultra-violente ». C’est le début de l’escalade des pratiques : des pénétrations vaginales à la sodomie, à la triple pénétration, jusqu’au fist-fucking et à la scatologie. C’était le triomphe du « hard crade ». Dans le porno, l’autre est dénié en tant qu’autre et en tant que sujet. La consommation de l’objet-chose transforme le désir en besoin et convoitise.
En déniant toute forme d’interdit, et notamment l’interdit de la consommation d’autrui, la pornographie engendre une sexualité sans mystère, une sexualité qui n’est rien d’autre que la mise en acte d’une pulsion a-subjective, d’une activité régie par la violence qu’on exerce sur autrui. Michela Marzano, La nouvelle pornographie et l'escalade des pratiques : corps, violence et réalité.
L’image pornographique « comme une image écrasante car centrée sur le seul caractère visuel et présentant des scènes sans enjeux scénaristiques, sans formalisation qui mettrait en scène l’image. En effet, le caractère cru de sexes filmés en gros plan s’oppose au caractère voilé de la séduction sexuelle tempérée par la tension existant entre ce qui est montré et ce qui est caché. Cet écart serait un organisateur du désir, tandis que l’image pornographique aurait un effet de rabattement du fantasme sur le réel, à montrer des images non seulement crues mais faisant du corps un objet partiel, découpé par des gros plans. HOUSSIER F., 2008, « Introduction », dans La violence de l’image, dir. F. Houssier, Paris, Edit. In Press, p. 11-21.
Au nom de la vérité, l’art a le droit et le devoir de reproduire le corps humain ainsi que l’amour de l’homme et de la femme tels qu’ils sont en réalité ; il a le droit et le devoir d’en dire toute la vérité. Le corps est une partie authentique de la vérité sur l’homme, comme les éléments sensuels et sexuels sont une partie authentique de l’amour humain. Mais il n’est pas juste que cette partie voile l’ensemble, et c’est précisément ce qui a souvent lieu dans l’art. Le corps humain en lui-même n’est pas impudique et la réaction de la sensualité, comme la sensualité elle-même, ne le sont pas non plus ; l’impudeur naît dans la volonté qui fait sienne la réaction de la sensualité et réduit l’autre personne, à cause de son corps et de son sexe, au rôle d’objet de jouissance. Karol WOJTYLA, Amour et responsabilité, Stock, 1978, p. 179.